Jean-Paul MARI
Un homme sort du coma. Touché à la tête, par balle. Antoine, grand reporter, revient d'un pays en guerre. Sa plaie cicatrise mais il lui manque quelque chose d'essentiel. Une partie de son passé s'est évanouie. Il sait qui il est, ce qu'il faisait avant, il n'a pas oublié les gens, les numéros de téléphone et son quotidien. Mais il a oublié le cœur de son voyage en Afghanistan. La mission, l'embuscade, la blessure. Et il ne comprend pas pourquoi la femme de sa vie a disparu.
Antoine souffre. Une douleur persistante à la tête, des cauchemars obsessionnels, des visions terrifiantes, la colère, l'envie de fuir ou de tuer. C'est un traumatisé qui ne sait plus parler aux autres, pense qu'il est suivi par un tueur, vit en reclus. Sa mémoire perdue par pans entiers le hante.
Antoine le convalescent accepte un reportage en Méditerranée. Il a appris que son amour est parti en voilier pour un périple dans la région. De Troie en Turquie jusqu'au nord de la Grèce, de la Tunisie à la Sicile, des Îles éoliennes jusqu'en Italie continentale, de la côte romaine jusqu'à Naples, de Corfou à Ithaque, chaque lieu, chaque rencontre agit comme une série d'électrochocs. Étape après étape, il cherche son amour, en vain. Des pans de sa mémoire lui reviennent en désordre, offrant une nouvelle pièce du puzzle, posant plus de questions qu'elle n'apporte de réponse. Que s'est-il passé, ce jour-là, avec les militaires français, dans cette embuscade meurtrière tendue par les talibans dans le col d'Uz ? Pourquoi se sent-il coupable ? Les souvenirs se reconstituent et la Méditerranée fait son œuvre magique. La mer le bouscule, le balance, le berce, le materne, comme celle de son enfance déchirée en Algérie.
Au terme de son long voyage sur la mer bleue, il n'est plus le convalescent tourmenté par son amnésie, ni le reporter de guerre, tenté en permanence par la descente aux enfers. Il est quelqu'un d'autre. Un enfant retrouvé, un homme apaisé, un ressuscité qui a accepté de vivre.