Publié dans "La revue du Liban" - 10 au 17 septembre 2011
Le 22 novembre prochain le Liban s'apprêtera à célébrer son indépendance; en effet, cela fera 68 ans, jour pour jour, que les Libanais ont arraché à la France leur Liberté!
Qu'en est-il aujourd'hui?
L'identité libanaise, à savoir cette mosaïque confessionnelle, doit plus que jamais dépasser les composants aussi disparates soient-ils. Le Liban doit clamer haut et fort son patrimoine commun, cette richesse qui fait de lui un Etat unique au monde.
Les crises successives, les 15 ans de guerre qui ont sévi de 1975 à 1990 et les récents conflits auxquels le Liban a dû et doit encore régulièrement faire face, n'ont été qu'un long et douloureux processus de rupture, de souffrance et de destruction.
Depuis toutes ces décennies, les problèmes intrinsèques du Liban n'ont eu de cesse de s'amplifier. Le Liban, cet espace politique des plus poreux, a toujours été ouvert aux influences régionales et la liste de celles-ci est longue! Ceci explique pourquoi le pays est en proie aux turbulences lorsque les rapports de forces dans la région tournent aux conflits. La stabilité du Liban ne peut que passer par une stabilité régionale.
Son statut d'Etat tampon, fait de lui le lieu d'expression de toutes les ambitions les plus contradictoires. Mais voilà, le Liban a payé maintes et maintes fois le prix fort.
Est-on en droit d'espérer un jour pour le Liban la reconnaissance d'une certaine neutralité ou du moins une certaine réserve de la part des autres belligérants quant à la conduite de ses affaires intérieures?
Cette scène internationale a, tant de fois, instrumentalisé le pays à son profit et aux dépens de ce dernier... Il est également vrai, pour le Liban, qu'il n'est pas aisé de se délester du jour au lendemain de toutes ces interférences.
Le Liban, cette nation que certains appellent martyre ne doit plus subir les tribulations et vicissitudes de ces "Autres", de ces "Bien pensants", ces décideurs qui ne font qu'ajouter à son malheur en le rendant plus vulnérable...
Le pays du Cèdre doit, enfin, penser son destin par lui-même, il en va de sa survie mais aussi de son honneur.
Il ne doit plus se contenter d'être cet ensemble hétérogène de visions du monde qui s'entrechoquent.
Le Liban ne doit plus se résumer à un espace de turbulences où les sentiments les plus exacerbés s'expriment et où les moindres fractures sont amplifiées.
Le peuple libanais, d'une nature si ardente et passionnée, doit symboliser la vie dans ce qu'elle a de plus flamboyant. 11 aime jusqu'au sacrifice, la vie l'a malmené, mais il doit par-dessus tout sortir de ces impasses, de ces intrigues qui le rongent.
Nul ne peut se passer de ce Liban; il éclaire ces lieux inconnus qui résident en chacun de nous.
Je rejette cette définition de l'historien britannique Arnold Toynbee résumant le Liban à "un musée de survivances religieuses", je rejette ces qualificatifs réduisant le Liban à une suite de massacres anonymes et gratuits!
Le 20ème siècle aura été celui de l'éclosion du Liban, mais aussi celui des trahisons, des excès, des déchirures... Qu'en sera-t-il du 21ème siècle? C'est au Liban de répondre...
Que serait le Liban sans ses chrétiens? Que serait le Liban sans ses musulmans? Rien, si ce n'est une coquille vide.
Résumer l'histoire du Liban à une histoire linéaire, c'est tout simplement nier la réalité du terrain. Le Liban c'est une histoire plurielle, pleine de subtilités.
Le Liban, fort de ses traditions, d'un héritage multiple va-t-il laisser les grandes puissances, les ambitions régionales avoir raison de lui?
Le ressentiment ne doit pas guider ses pas.
Le Liban ne doit pas être ce héros maudit shakespearien, ce héros de tragédies grecques subissant une destinée qui lui sera fatale.
Le Liban de demain doit être éclatant, il doit incarner l'espoir pour toute une jeunesse. Il doit être l'étendard d'un futur possible et en aucun cas cet espace conflictuel idéal pour ses voisins prêts à le sacrifier.